Personnages clés de l'administration du Gévaudan à l'époque de la Bête.


Le découpage territorial du royaume de France était très complexe au 18ème siècle. Ses limites avaient été pensées, plus ou moins fidèlement, en rapport avec les trois grands Ordres: Clergé, Noblesse et Tiers-Etats.
En Gévaudan, nous retrouvions donc plusieurs types de découpage, qui se mêlaient et portaient parfois à confusion.

D’un point de vue clérical, le Gévaudan correspondait au diocèse de Mende, dirigé par l’évêque Monsiegneur Gabriel-Florent de Choiseul Beaupré. Ce diocèse appartenait à la province (ou métropole) du Languedoc et était lui-même découpé en paroisses, ayant chacune à leur tête un curé.
Le curé était placé sous l’autorité directe de l’évêque, et l’évêque, sous celle de l’archevêque.


Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende, siège du diocèse de Mende.


D’un point de vue judiciaire, le Gévaudan appartenait au pays de droit écrit; il avait à sa tête un parlement, qui était en quelque sorte une cour de justice chargée de rendre la justice au nom du Roi.
Ce parlement était en outre chargé de la gestion de certaines causes, notamment les affaires liées à la noblesse. Ses décisions pouvaient être réformées par le Roi, souvent en grâces ou commutions de peines.
Le Gévaudan dépendait donc du parlement de Toulouse. Ce parlement était lui-même découpé en plusieurs baillages (ou sénéchaussées) ayant à leur tête un bailli.
On distinguait donc, sur le territoire qui correspondait au Gévaudan, trois baillages principaux: ceux de Mende, du Puy-en-Velay et de Saint-Flour.

Fiscalement parlant, le Gévaudan appartenait à l’intendance (ou généralité) du Languedoc, dirigée par l’intendant. A l’époque de la Bête, l’intendant du Languedoc était Marie-Joseph-Emmanuel De Guignard de Saint Priest.
L'intendance du Languedoc était elle-même divisée en subdélégations.

Enfin, d’un point de vue militaire, le Gévaudan était une province appartenant au gouvernement du Languedoc. Le gouverneur, en 1764, était Louis-Charles de Bourbon, comte d’Eu.


Portrait de Louis-Charles de Bourbon, comte d'Eu.


Le Gévaudan était en outre divisé en huit baronnies, dont quatre furent parcourues par la Bête entre 1764 et 1767: Peyre, Randon, Apcher et Mercoeur.
A l’époque des faits qui nous intéressent, le titre de Peyre était donc détenu par un certain Jean-Henri De Moret, fils d’Eymard Henri de Moret, marquis de Montarnal, gouverneur de Marvejols, bailli du Gévaudan et comte de Peyre jusqu’à son décès en 1739; descendant direct d’un certain César De Grolée, ayant notamment aménagé le château de La Baume aux alentours des années 1690 et qui avait hérité du titre de Peyre par le biais de sa mère, descendante de l’illustre famille de Peyre.
Jean-Henri De Moret prit donc par la suite les titres de seigneur et gouverneur de Marvejols, bailli du Gévaudan, seigneur de Peyre, marquis de Montarnal, seigneur de Marchastel et de Marvejols.


Le château de La Baume, sur la commune de Prinsuéjols, en Lozère.


La baronnie de Randon était, à l’époque de la Bête, détenue par Guillaume De Chateauneuf-Randon, comte du même nom et capitaine de cavalerie au régiment de Clermont-Prince ainsi que son fils, Antoine-Pierre De Châteauneuf-Randon du Tournel, vicomte de Randon, également capitaine de cavalerie et appartenant à l’armée des Princes.
Par le biais de ventes et d’héritages successifs, le titre de Châteauneuf-Randon perdurera dans de nombreux noms de famille, et notamment jusque dans celui de Joyeuse, à laquelle avait appartenu l'amiral Anne du même nom.


La Roche branlante, près du village de Châteauneuf-de-Randon.


La baronnie d’Apcher appartenait, à l’époque de la Bête, à la famille du même nom, et notamment  à Joseph Randon de Chateauneuf-Randon d’Apcher, marquis d’Apcher, baron de La Garde et de Thoras.
Son fils, Jean-Jospeh de Châteauneuf-Randon, devait participer activement à la traque de la Bête, notamment en 1767.
La famille d’Apcher était issue d’une branche de la famille des Randon, ayant pour origine les épousailles d’un certain Garin de Châteauneuf avec Alix d’Apcher en des temps très anciens. 
Le château principal, outre les autres dépendances, se trouvait à Apcher, non loin de Prunières.


Un vestige du château d'Apcher près de Prunières, en Lozère.


La baronnie de Mercoeur, elle, appartenait à la famille de Bourbon-Conti (ou de Bourbon-Condé).
A sa tête notamment, Louis-François, prince de Conti, et Louis-François-Joseph, gouverneur du Berry.


Portrait de Louis-François, prince de Conty.


A noter que les terres de la baronnie de Canillac, qui se trouvaient beaucoup plus au sud du Gévaudan, étaient passées aux mains de la famille de Morangiès, après la mort de leur dernier représentant, au début du 18ème siècle.

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